Déconnecter sans tout couper

Déconnecter sans tout couper, mais pas sans tout changer

Nous vivons dans un monde où le digital prend une place prépondérante dans notre vie. Vous avez conscience que de nombreux gestes du quotidien, ritualisés au XXe siècle, se sont totalement transformés en quelques années pour devenir des actes connectés ou digitaux ?

S’informer, jouer, se diriger, écouter de la musique, communiquer… Faites un test !

Demandez l’heure dans la rue à un adulte de moins de trente ans. Il y a de grandes chances pour qu’il jette un œil sur son portable pour vous renseigner.

Est-ce que vous êtes anxieux(se) lorsque vous n’avez pas votre portable avec vous ?

Lorsque vous êtes inoccupé(e), est-ce que vous allez machinalement dans votre téléphone sans but précis ?

En l’absence de réseau, est-ce que vous montez sur la chaise ou la table pour vérifier que vous captez au moins une barre ? Si, lorsqu’une situation vous rend mal à l’aise, vous vous tournez vers votre téléphone pour y échapper ?

Si vous répondez positivement à ces quelques questions, c’est probablement que vous avez un usage abusif de votre portable.

Nous vivons en permanence une surcharge mentale et émotionnelle provoquée notamment par ce que l’on appelle le multitasking ou mode multi-tâches, et par la surcharge informationnelle due à la multiplication des outils de communication numériques. Tous ces éléments nous ont amené à développer une nouvelle forme de stress qui peut nous amener jusqu’au burn-out : le « stress numérique ».

Il y a quelques temps, je discutais avec un étudiant d’une vingtaine d’années qui me disait que faire plusieurs choses en même temps lui donnait la sensation d’être plus efficace. C’est un mythe !

Cela ressemble à de l’efficacité. Cela a le parfum de l’efficacité. Mais, c’est loin d’en être !

Le multitasking est l’ennemi de la concentration et donc de la performance !

Comment se libérer du multitasking ? 

Déconnecter doit être un choix et non une contrainte ! Si vous avez pris conscience que vos petites habitudes de connexion deviennent des comportements à risques, il est temps de prendre les choses en main pour changer ces comportements.

Lorsque vous regardez vos SMS ou que vous tapez un mail, tout en répondant à une conversation téléphonique, vous activez le même réseau de neurones et vous générez une forme de conflit dans votre cerveau. Or, notre cerveau n’est pas fait pour fonctionner en mode multi-tâches, ce qui crée une surchauffe mentale entraînant une perte de concentration, de mémoire et sur la durée, une baisse momentanée du QI de 10% à 15%. C’est ce qu’a démontré une étude menée par l’Université de Londres.

Faut-il limiter le nombre d’applications sur son téléphone pour éviter de trop s’en servir ?

Lorsque vous ouvrez une fenêtre, c’est pour vous aérer, pour respirer… Alors que sur votre ordinateur, plus vous ouvrez de fenêtres, plus vous étouffez !
En multipliant les onglets, les applications ouvertes et les dossiers vous multipliez les sollicitations auprès de votre cerveau. Et comme la plupart des personnes connectées font des pauses en plongeant dans leur téléphone, celui-ci n’a plus le temps de se reposer.

Une clé majeure pour parvenir à se libérer de ce fonctionnement multi-tâches consiste à ne faire qu’une seule action à la fois. Et pour y parvenir, il faut, tout d’abord, apprendre à se reconnecter à soi-même, à ses sensations, en pratiquant ce que l’on appelle la pleine conscience. Cela signifie être totalement présent à ce que nous faisons au moment où nous le faisons pour parvenir un état de concentration totale.

Il existe différentes méthodes pour pratiquer la pleine conscience. Le livre de Christophe André « Méditer jour après jour », nous donne un bel aperçu des possibilités de la pleine conscience. Mais, pratiquer en groupe avec un enseignant permet d’aller plus loin dans ce qui est devenu, pour celles et ceux qui la pratiquent, et moi le premier, un véritable art de vivre.

Sortir du multitasking passe également par une meilleure gestion de son temps et de l’organisation de ses tâches dans une journée. Je conseille notamment la technique des blocs horaires qui consiste à planifier chaque action dans son agenda, comme un rendez-vous pris avec soi-même, dans un bloc de 25 mn. Cette plage d’action est dédiée à une seule et unique tâche que vous devez commencer, et surtout finir dans le temps estimé. Une fois les 25 mn passées, prenez une pause, déconnectée, bien sûr !

Comment faire une vraie pause mentale ?

La respiration est donc la base de toutes les techniques permettant de créer une véritable écologie mentale et corporelle.

Je recommande de pratiquer, entre les actions programmées, la Cohérence Cardiaque, qui est constituée de micro-pauses respiratoires de 5 mn destinées à restaurer l’équilibre entre le rythme cardiaque et le rythme du cerveau. Elle consiste en un cycle respiratoire régulier de 5 secondes d’inspiration et de 5 secondes d’expiration.

Mais, si vous en avez la possibilité, sortez prendre l’air et pratiquez la marche consciente.

Il s’agit, le temps d’une courte promenade, de se déconnecter de son activité, en se connectant à son environnement et à ses sens.

Ressentez le contact de vos pieds avec le sol. Ecoutez les sons ambiants. Contemplez les couleurs et les formes. Humez les senteurs. Accueillez toutes ces sensations, simplement, sans jugement.

Comment faire pour se concentrer sur une seule tâche, lorsque l’on est constamment dérangé, comme on peut l’être en open-space ?

Lorsque vous êtes interrompu(e) alors que vous travaillez  sur une tâche qui demande beaucoup de concentration, cela vous demandera 30% d’énergie supplémentaire pour aller jusqu’au bout de cette tâche. Et en temps passé, cette action vous demandera entre 25% et 100% de temps supplémentaire.

Il est donc essentiel de protéger sa concentration.

Dans une journée de travail, nous subissons une multitude de distractions et de perturbations qui sont autant externes qu’internes : les collègues, les appels téléphoniques, les mails, les SMS, les tâches non prévues, mais également l’incessant bavardage mental que nos pensées nous font subir.

Lorsque vous avez besoin de toute votre attention pour accomplir et surtout finir une action, quelle qu’elle soit, mettez votre téléphone en mode avion et votre téléphone fixe en renvoi sur votre messagerie. Fermez votre boîte mail et par défaut, désactivez les notifications. Et mettez-vous mentalement et physiquement en mode avion !

Prévenez vos collègues que vous avez besoin de concentration, et réclamez avec diplomatie leur bienveillance pour qu’ils respectent ce calme dont vous avez besoin.

En open-space, utilisez un casque audio avec une musique propice à la concentration ou des sons blancs composés de sons de la nature.

Et apprenez à créer votre bulle de tranquillité. C’est une technique de sophrologie qui permet de se protéger des distractions extérieures et de calmer son mental, pour éviter les perturbations intérieures.

Mais pour déconnecter, faut-il tout couper ?

Il y a de plus en plus de personnes qui ressentent le besoin de faire une Digital Detox pour réaliser un sevrage complet et échapper à cette dépendance nocive. Mais, il est également possible de procéder à quelques petits changements qui peuvent aider à faire un grand pas pour son écologie mentale.

  • Désactiver toutes les notifications sur votre téléphone et sur votre ordinateur
  • Assombrir la luminosité de son écran pour échapper à la tentation de le regarder
  • Passer son téléphone en noir et blanc
  • Ne pas utiliser son téléphone comme réveil. Une des principales victimes de l’hyperconnexion, est votre sommeil !
  • Reposez son téléphone chaque fois que l’on prend conscience que nous l’avons pris machinalement
  • Lorsque l’on mange, laisser son téléphone à plus d’un mètre, et au restaurant, le mieux est encore de l’éteindre et en profiter pour manger en conscience

Faites en sorte que ces petits gestes, qui peuvent être complétés par de nombreux exercices physiques et mentaux, deviennent progressivement des habitudes, en les répétant chaque jour pendant 21 jours. C’est le temps nécessaire à votre conscience pour intégrer un changement de comportement.

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